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Les SES au Grand Air

Un blog de ressources pour les sciences économiques et sociales

Les conséquences économiques d'un (éventuel) Brexit

Les conséquences économiques d'un (éventuel) Brexit

Le 23 juin prochain, un référendum va être organisé afin de décider de l’avenir du Royaume-Uni au sein de l’Union Européenne (UE). Malgré la campagne menée par David Cameron en faveur du maintien de son territoire au sein de l’Union, les partisans du « Brexit » (sortie du Royaume-Uni de l’UE) semblent encore assez nombreux pour rendre l’issue du vote incertaine. Et cette incertitude exacerbe les tensions outre-manche puisque les enjeux économiques liés à un éventuel « Brexit » sont conséquents. Pour en mesurer la dimension, l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE) a sorti le 27 avril un rapport évaluant les avantages et les risques économiques d’une sortie du Royaume-Uni de l’UE. Et cette étude n’a pas dû calmer les insomnies du Premier Ministre britannique…

En effet, le graphique ci-dessus établi par l’OCDE montre la variation du PIB réel au Royaume-Uni en pourcentage s’il décidait de quittait l’UE par rapport à ce qu’il serait dans le cas contraire. Ainsi, si le Brexit venait à se réaliser, le niveau du PIB réel du Royaume-Uni se situerait 3% en dessous du niveau auquel il serait parvenu sans cette sortie de l’UE. L’OCDE calcule que ce déficit de production reviendrait à un coût de 2200 £ par an et par foyer britannique ; ce qui fait dire à l’organisme qu’en quittant l’UE, le Royaume-Uni s’expose à devoir faire payer à ses citoyens un « impôt Brexit ».

Afin d’expliquer les causes de cette situation liée à un éventuel Brexit, l’OCDE propose plusieurs explications. D’abord, la sortie de l’UE engendrerait nécessairement une incertitude autour de l’économie britannique ; or, l’incertitude contribue à semer la méfiance auprès des investisseurs qui pourraient dès lors réduire ou stopper leurs projets de financement au Royaume-Uni, ce qui contribuerait à l’affaiblissement de la croissance économique compte tenu du poids important de l’investissement dans le PIB du pays. En d’autres termes, l’attractivité du territoire britannique serait moindre et verrait le flux entrant d’Investissement Direct à l’Etranger (IDE) se tarir.

Ensuite, les britanniques ne pourraient plus accéder directement au marché unique et devraient donc renégocier avec l’ensemble des pays membres de l’UE les conditions de leurs échanges commerciaux ; cela engendrera de forts coûts de transaction pour le Royaume-Uni, mais aussi pour leurs partenaires qui pourraient dès lors choisir de se tourner vers des pays du marché unique où ces coûts n’existent pas. Et quand bien même un accord commercial serait trouvé, ses conditions seront nécessairement moins avantageuses que dans le cadre du marché unique.

Enfin, à plus long terme, la faible croissance des flux entrants d’IDE et les conditions moins avantageuses des échanges commerciaux avec les pays appartenant au marché unique risquent d’affaiblir la structure même de l’économie britannique. En effet, au-delà des biens et services qu’il permet de se procurer, le commerce extérieur est un facteur important de compétitivité par l’inscription dans une dynamique de concurrence internationale qui favorise l’innovation, les transferts de technologies et les gains de productivité pour les entreprises qui y prennent part. De même, l’apport en capital lié aux flux entrants d’IDE constitue une manne fondamentale pour permettre aux entreprises de mettre au point des projets innovants à court terme afin de gagner des parts de marché à plus long terme. Aussi, si ces deux moteurs de l’économie voient leur rendement s’affaiblir, il y a fort à craindre de voir le Royaume-Uni connaître une plus faible ouverture internationale qui pèserait sur son niveau d’innovation, de progrès technique, de productivité et, par conséquent, de croissance économique. Dès lors, le territoire perdrait en attractivité, notamment auprès des jeunes chercheurs et étudiants étrangers, qui pourraient se détourner du Royaume-Uni et ne plus mettre à sa disposition leurs compétences, ce qui affaiblirait encore le potentiel d’innovation britannique.

A la lumière de cette étude, on comprend donc mieux les efforts de David Cameron pour convaincre ses concitoyens de voter en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l’UE. Ces efforts déployés par le Premier Ministre sont d’autant plus savoureux qu’il est lui-même à l’origine du référendum suite à une promesse électorale réalisée lors des dernières élections législatives. Cette promesse lui avait permis de conserver la confiance des électeurs et son poste ; espérons pour lui qu’elle ne conduise pas le Royaume-Uni à voir son rôle sur la scène économique mondiale amoindri au cours des prochaines décennies…

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